S’il vous est déjà arrivé d’effectuer une recherche sur un moteur de recherche en tapant « gestion du stress » ou « gérer son stress » sans doute aurez-vous le chiffre indiqué juste avant les premiers sites proposés: 2 490 000 pour la première expression, 4 530 000 pour la seconde. Ces chiffres correspondent au nombre de sites qui reprennent les mots clés et expressions tapés dans la fenêtre de recherche. Concernant le stress, on peut donc légitimement en déduire qu’il est possible de trouver énormément d’informations et de conseils en tous genres afin de gérer notre stress comme on gérerait nos finances, notre temps ou un projet quelconque. Mais est-ce vraiment comparable ? Peut-on réellement gérer le stress ?
Un syndrome d’adaptation indispensable à la vie
Avant d’aller plus loin, il me semble important de revenir à la définition de base du stress. Le mot stress tire son origine du verbe latin stringere qui signifie tendre. Ce terme est au départ utilisé par les physiciens pour désigner la contrainte exercée sur un matériau. Le professeur Hans Selye est le premier médecin à avoir employé scientifiquement ce terme anglais de stress dans les années 30 pour désigner un processus biologique après avoir étudié le comportement d’animaux soumis à des conditions difficiles. Le stress désigne alors « l’état réactionnel d’un organisme soumis à l’action d’un excitant quelconque. L’excitant, appelé « stressor », peut être animé (microbe), physique (froid), chimique (poison), un trouble ou une lésion organique (hémorragie), nerveux (effort ou émotion désagréable ou agréable). »
Le stress est donc un mécanisme naturel d’adaptation, un syndrome d’adaptation. Il fait partie de nous, du principe même de vie: sans lui, pas d’adaptation et donc pas d’évolution possible. Dès lors, il paraît à mon sens erroné de parler de bon ou de mauvais stress comme cela est régulièrement évoqué.
Il convient cependant de préciser quelque chose d’important à ce stade: nous avons tous une « susceptibilité » différente aux situations extérieures, notamment en fonction de notre expérience personnelle. Il peut arriver que des événements déclenchent un stress qui nous pousse au-delà des limites de notre flexibilité naturelle. Il est donc intéressant de considérer ce stress vécu négativement comme la conséquence du manque d’une ressource spécifique à chaque individu.
L’expérience du stress est donc finalement un apprentissage d’adaptation à une situation donnée. Dans cette perspective, il ne me semble alors pas pertinent de vouloir combattre le stress et encore moins le vaincre: pourquoi voudrions-nous nous débarrasser de ce qui nous permet de survivre et de nous adapter ? Quant à le gérer, vous paraît-il possible d’organiser, d’administrer (avec toute la pression de cela impose) un processus biologique inhérent à notre nature d’être vivant ?
Apprivoiser plutôt que combattre
Personnellement, même si pour des facilités de langage j’utilise également cette expression de « gestion du stress », je privilégie une autre approche consistant plutôt à apprivoiser le stress, comme on le ferait avec un animal sauvage qu’on souhaiterait mieux comprendre et avec lequel on voudrait tisser une nouvelle relation, à l’image du Petit Prince et de son renard.
Une situation de stress se compose de trois éléments:
1 – un stresseur ou stressor (élément induisant le stress)
2 – la réaction face au stresseur (plus ou moins importante selon la personne)
3 – la phase de récupération (plus ou moins importante selon les personnes)
Le mammouth qui menaçait l’homme préhistorique a fait place aux changements multiples, aux plannings surchargés et au travail dans l’urgence, à un environnement agressif (bruit, voisinage, promiscuité), à la compétition scolaire, professionnelle, etc …
Ce que serait un stress normal dans une journée: la rencontre régulière avec des stresseurs mais avec suffisamment de temps entre l’intervention de chaque stresseur pour récupérer et retrouver à chaque fois un bon niveau d’équilibre.
Ce qu’est le stress actuel pour la plupart des gens: la rencontre très régulière avec des stresseurs mais sans temps de récupération suffisant entre chaque stress, maintenant ainsi un niveau de tension très-trop élevé. Et c’est là que les symptômes du stress commencent à apparaître: agitation, manque de concentration, nervosité, fatigue, irritabilité, troubles du sommeil, somatisations diverses, déprime, etc….
Alors tout comme le Petit Prince qui voyait avec les yeux du coeur, commençons par changer notre perception de ce stress dont on nous parle tant. Voyons-le nous aussi avec les yeux du coeur et réconcilions-nous avec lui avant de vouloir essayer de le combattre.
Dans le prochain article, j’aborderai les axes de travail permettant d’apprivoiser notre stress afin d’évoluer plus sereinement. D’ci là, observez votre stress, voyez-le comme une tentative de vous adapter à une situation et commencez à l’apprivoiser.
Sylvie Renoulet
Fondatrice de Sophrolia
Consultations de sophrologie à Sélestat et Colmar
Formation de sophrologue en Alsace